Persona 3 a eu Persona 3 FES. Persona 5 a eu Persona 5 Royal. Pour Persona 4, la version améliorée s’appelle Persona 4 Golden. Un peu plus de 2 ans après la sortie du jeu sur PC, Persona 4 Golden, classique de la PS Vita, est arrivé sur les consoles modernes. Alors, que valent le remaster et le portage sur Nintendo Switch ?

Une histoire intéressante, mais…
J’ai découvert la série Persona avec Persona 5. On y incarne un lycéen d’une petite ville se retrouvant à Tokyo pour une année. Les endroits visitables grouillent constamment de monde et sont immenses. Tout est démesuré. Dans Persona 4 Golden, c’est l’inverse. On incarne un lycéen de la grande ville venant passer une année dans la bourgade rurale d’Inaba. Ses parents partant travailler un an à l’étranger, le protagoniste est hébergé par son oncle Ryotaro Dojima, chef de la police locale. L’intégration dans son nouveau lycée se fait sans trop de problèmes, et la petite ville est calme, mais pleine de charme. Seul problème véritable, le grand centre commercial Junes qui vient de s’implanter et fait de la concurrence déloyale au quartier des petites boutiques.

Dans Persona 4 Golden, pas de cœurs à changer, pas de Palaces, il s’agira plutôt d’élucider une série de meurtres sordides. Il existe un monde parallèle auquel le protagoniste et ses amis ont accès. Ce monde est peuplé d’Ombres menaçantes, que le groupe combat à l’aide de leurs Personas. L’Ombre est la représentation des sentiments enfouis que l’on aimerait bien souvent ne pas avoir, ou que l’on refuse tout simplement d’admettre. Faites la paix avec votre Ombre et elle reviendra à vous, sous la forme d’une Persona. Le meurtrier se sert de ce monde parallèle pour commettre ses crimes. Le groupe trouvera rapidement un cycle dans la série d’assassinats. Quelques semaines avant l’apparition d’un corps, la future victime apparaît à la télévision. Le corps apparaît ensuite lors du prochain jour de brouillard. Il faut donc aller la sauver dans l’autre monde dans le temps imparti pour empêcher le meurtre.
J’ai été très surpris par la complexité de l’histoire de ce jeu. Elle est rendue encore meilleure par le fait que les personnages sont pour la plupart extrêmement attachants. Là où Persona 5 misait tout sur le style, au point d’avoir une histoire de base se terminant de façon assez maladroite (ce qui a été corrigé dans la version Royal), Persona 4 Golden a pris le chemin inverse avec une histoire de base exceptionnelle et un nouvel épilogue certes amusant, mais qui m’a paru très forcé dans son intention de justifier l’histoire de base une fois de plus, contrairement au nouvel épilogue de Persona 5 Royal qui se distingue totalement et apporte quelque chose de supplémentaire.
Attention cependant, car le jeu a selon moi mal vieilli
Rien à voir avec des problèmes techniques ou de graphismes. Je reviendrai sur cet aspect dans quelques lignes. Je parle plutôt des valeurs véhiculées par certains moments, voire certains personnages.
Persona a la fâcheuse manie de ruiner des histoires complexes et passionnantes avec de l’humour très limite. Persona 5 en a fait également les frais avec deux personnages homosexuels stéréotypés et montrés comme souhaitant forcer un lycéen à les « rejoindre », pour rester poli… Ça a été corrigé autant que possible dans Persona 5 Royal, mais pas dans la version japonaise qui conserve ces moments extrêmement décevants et gênants tant ils ne sont pas drôles.
Persona 4 Golden datant d’une époque où la lutte contre l’homophobie et la misogynie n’étaient pas aussi prégnante qu’aujourd’hui, il est clair que de nombreux dialogues ont très mal vieillis. Certains aspects tels que la manière d’aborder le genre et la sexualité de Kanji et Naoto sont sujets à débat, mais les autres blagues misogynes et borderline homophobes présentes dans les instants plus « tranche de vie » du jeu méritent d’être relevées.
J’ajoute cet aparté à des fins de prévention, si jamais vous avez découvert Persona via la version corrigée de Persona 5 Royal et que l’idée de voir le passé de cette licence vous tente. Beaucoup y verront juste le fameux « humour noir », mais je sais que tout le monde n’y réagit pas de la même manière, donc je préfère prévenir.

Gameplay : du Persona de grande qualité
Je n’ai honnêtement pas grand chose à dire pour ce qui est du gameplay. Tout d’abord, l’exploration et le combat sont tout à fait maîtrisés.
Le combat suit la lignée de Persona 3 et Persona 4 avec quelques améliorations, notamment des attaques combinées, et un rééquilibrage des attaques et de l’expérience gagnée pour améliorer l’expérience du Persona 4 original jugée lente par beaucoup de joueurs. L’objectif est le même que dans tous les jeux Persona : combattre des vagues d’ennemis au tour par tour. Trouvez la faiblesse d’un ennemi, et vous obtenez un coup supplémentaire.
Les ennemis et boss sont suffisamment variés pour ne pas s’ennuyer. Il faut gérer ses statistiques d’attaque, de défense et de précision ainsi que celles de l’ennemi pour ne pas être submergé. Il y a toutefois beaucoup de modes de difficultés pour rendre l’expérience la plus accessible possible ce qui est un très bon point. Depuis la version PC, la difficulté peut être customisée sur beaucoup de paramètres comme les dégâts causés, subis, la monnaie gagnée et l’expérience remportée à chaque combat. Le remaster de 2023 ajoute également une sauvegarde rapide pouvant être effectuée à tout moment. J’espère que cette fonctionnalité sera incluse dans Persona 6, pour que l’on puisse enfin jouer véritablement à son rythme.

Pour ce qui est de l’exploration des donjons, on est toujours sur la formule des étages générés aléatoirement. Je les ai malgré tout trouvés très variés dans leur style, et le fait que l’on peut continuer de les visiter après les avoir terminés permet de ne pas saturer.
En dehors des donjons, il y a beaucoup d’endroits à visiter, de jour comme de nuit, pour exploiter tout le potentiel d’Inaba. Chaque magasin, chaque personnage a son utilité, ce qui est accentué par les quêtes annexes que beaucoup pourront vous donner.
Enfin, une énorme composante du gameplay de tout jeu Persona est la nécessité d’entretenir des liens sociaux avec toutes sortes de personnes, pour renforcer vos Persona. Je n’ai trouvé que très peu de liens sociaux inutiles, moins que dans Persona 5. Chaque lien social vous permettra d’obtenir des capacités spéciales qui vous aideront grandement en combat. Une nouvelle fois, cela incite à aller dans les moindres recoins et à parler à tout le monde. On ne sait jamais qui pourrait former un lien social avec nous. De plus, améliorer certains liens sociaux permet d’en débloquer d’autres, pour pouvoir renforcer toutes vos Persona.

En bref, Persona 4 Golden bénéficie d’un gameplay tout aussi maitrisé que son histoire, et désormais adapté pour réduire le temps de jeu selon votre convenance. La stratégie des combats et l’exploration de la charmante bourgade d’Inaba offrent une expérience de jeu très divertissante.
Point technique : que vaut le remaster de 2023 ?
Sur Nintendo Switch, j’ai été très agréablement surpris de voir que le jeu tient un 60 fps constant même en mode portable. Les graphismes en soi n’ont pas été améliorés au-delà de la résolution et de la fluidité.
Comme précisé au-dessus, il y a aussi l’ajout de l’option de sauvegarde rapide qui est un très bon point. Ma seule déception est la traduction française qui est apparemment pleine d’erreurs.
VERDICT : ★★★★
Persona 4 Golden est un jeu à l’histoire intéressante et au gameplay maitrisé. C’est une fenêtre sur le passé d’une série encensée par la critique qui mérite que l’on s’y arrête.