J’ai encore du mal à croire que je sois en capacité d’écrire ce test. J’ai abandonné Dark Souls trois fois. J’aimais l’idée et l’ambiance, mais je ne parvenais pas à m’adapter à l’exigence du gameplay dont le manque de verticalité me dérangeait. Quand en 2018, un jeu du même studio a été annoncé, et que j’ai vu qu’il se déroulait dans le Japon de l’ère Sengoku, le tout avec la capacité de sauter, d’utiliser un grappin et un arsenal conséquent d’armes, j’ai une nouvelle fois plongé tête baissée. Au départ, ça s’est plutôt bien passé. J’ai ensuite été bloqué , pour au final abandonner.
Fin mai, j’ai décidé de retenter ma chance après un an de pause. Armé d’un bien meilleur niveau global et du wiki extrêmement fourni de Sekiro, j’ai recommencé depuis le début. À ma plus grande surprise, j’ai réussi à battre le boss final et à obtenir une fin des plus satisfaisantes pour un jeu qui, je dois l’admettre, m’a offert une expérience des plus exceptionnelles.

Une histoire complexe et intrigante
Dans Sekiro : Shadows Die Twice, on incarne un shinobi évoluant au milieu d’un conflit sanglant entre le clan Ashina et les forces impériales. Recueilli très jeune sur un champ de bataille par un shinobi de renom, celui qui se fera appeler Sekiro vivra selon le code du shinobi : la parole du père est absolue, et si ton père meurt, tu dévoueras ta vie à ton maître. Lors d’une nuit tragique, il perdra son père, son maître, et sa volonté de vivre. Un jour, on lui apprend que son maître, l’Héritier Divin dont le sang procure l’immortalité, est toujours en vie. Il parviendra à le rejoindre et à partir, mais ils seront stoppés dans leur fuite par un général du clan Ashina, Genichiro, qui souhaite s’emparer du pouvoir d’immortalité pour remporter la guerre.
Le shinobi va perdre ce combat, et l’Héritier Divin sera emmené au château d’Ashina. Contre toute attente, il va se réveiller dans un temple en ruine, amputé d’un bras. Il découvre alors qu’il dispose du même pouvoir que l’Héritier Divin. Le mystérieux sculpteur qui l’a recueilli s’est également permis de lui remplacer son bras amputé par une prothèse shinobi à laquelle de nombreuses armes peuvent être fixées. Sekiro va apprendre que l’Héritier Divin est toujours en vie et partir pour le sauver. Commence alors une longue quête pendant laquelle le shinobi va partir à la recherche de ses souvenirs et des origines de l’immortalité.
J’ai trouvé l’histoire excellente, simple et efficace. On évolue au sein d’un contexte qui nous dépasse. Au-delà des faits majeurs nous impliquant, les conversations nous donnent un aperçu de l’avancée des événements. Les objectifs et les différentes implications sont définis clairement. J’ai été impressionné par le fait que le gameplay est si engageant que ces moments réussis d’histoire arrivent comme une cerise sur le gâteau tant le jeu ne se repose pas dessus. Mon seul reproche serait que certaines fins sont assez farfelues à obtenir, ce qui est assez dommage.

Le meilleur gameplay à l’épée que j’ai pu voir dans un jeu
Le gameplay est la grande force de Sekiro. Venir à bout de ce jeu nécessitera une maîtrise absolue du katana. Il faudra parer les coups et les rendre au centuple. L’environnement vous aidera également à venir à bout de vos ennemis. Prenez-les par surprise en vous cachant dans les arbres grâce à votre grappin, ou bien dans des hautes herbes. Trop d’ennemis autour d’un mini-boss ? Faites le ménage furtivement.
L’un des atouts du gameplay de Sekiro, au-delà de sa fluidité, est sa variété. Le grand nombre d’armes et de compétences déblocables permet à chaque joueur d’adapter le jeu à son propre style. De plus, la grande variété d’ennemis nous force à avoir plusieurs approches avec différentes combinaisons d’armes et d’objets.
Voici une vidéo de gameplay datant de ma première tentative, peu avant d’abandonner. Elle donne selon moi un bon aperçu de la furtivité dans le jeu.
Mon premier reproche serait que le jeu n’est malheureusement pas accessible au plus grand nombre. From Software offre ici une expérience semblable voire supérieure à un Dark Souls en termes de difficulté. L’absence totale d’options d’accessibilité fait que je ne peux pas recommander ce jeu si vous n’avez pas une pleine confiance en vos capacités. Ce manque d’accessibilité avait fait débat à la sortie du jeu, notamment car des joueurs handicapés avaient mentionné leur volonté de découvrir ce que ce jeu a à offrir, mais de ne pas pouvoir le faire. Certains « fans » ont refusé catégoriquement tout « assouplissement ». Je pense personnellement que l’accessibilité a du bon.
Mettre des options permettant à d’autres joueurs de jouer ne vous oblige pas à vous en servir. Le même niveau de difficulté peut être conservé pour les amateurs du gameplay « hardcore » de From Software. Je pense que ces jeux ont autre chose à offrir, au-delà de combats épiques et ultra exigeants. Il y a des histoires intéressantes, et des univers intrigants bénéficiant de directions artistiques époustouflantes. Aucune mention d’un quelconque changement n’a malheureusement été faite. C’est dommage.

Mon second reproche est le seul véritable point négatif. La caméra et le système de verrouillage d’ennemis sont assez capricieux, résultant en des chutes et des morts extrêmement frustrantes par moments. La nervosité de la caméra cause également un grand nombre de difficultés inutiles pour les combats ayant lieu dans des espaces réduits. Dieu sait qu’il y en a, et le jeu est déjà suffisamment difficile.
Mais bon, je ne peux qu’admettre l’immense qualité de ce gameplay si exigeant, qui nous force à rester à l’affût de la moindre menace et ce à tout moment. La verticalité est une bouffée d’air frais, les ennemis et les environnements sont variés et complexes. Ajoutez à ça l’histoire intéressante et vous obtenez un jeu qui mérite totalement son Game Award de jeu de l’année 2019.
Sekiro : Shadows Die Twice est un jeu exceptionnel qui mérite amplement sa place dans le Hall Of Fame de TILT. Avec un gameplay ultra exigeant, des combats épiques et une histoire réussie se déroulant dans un Japon médiéval absolument magnifique, Sekiro s’inscrit sans conteste dans les meilleurs jeux auxquels j’ai pu jouer. Je regrette simplement le manque d’accessibilité et une caméra capricieuse.

Un commentaire Ajouter un commentaire