Je vais tenter de mettre des mots sur une expérience qui a duré plus de 6 mois. Pour résumer brièvement, j’ai découvert les licences Atlus avec Persona 5. Ayant adoré l’expérience de combat au tour par tour offerte par Persona 4 Golden puis Persona 5 Royal, je me suis dit qu’il était temps que je m’intéresse à la série dont ces jeux sont des spin-off : Shin Megami Tensei.
Les bandes annonce de Shin Megami Tensei V, exclusivité Nintendo Switch pour une raison que j’ignore, m’intriguaient. Je me suis donc dit que comme pour Persona, j’allais découvrir la version la plus avancée de cette série en commençant par le 5ème opus. Pour rappel, inutile d’avoir joué aux précédents, car les histoires n’ont pas de lien entre elles. Alors, après plus de 70 heures de jeu étalées sur 6 mois, quel est mon verdict ? Shin Megami Tensei V est un jeu fascinant, mais épuisant.

Une narration aussi efficace que frustrante
Les concepts principaux de l’Histoire nous sont contés dès le début. La combinaison du Savoir et du Pouvoir donne au « Nahobino » qui les possède le pouvoir de recréer le monde. Les dieux et démons ont été dépossédés de leur Savoir par le Créateur. Ce Savoir est entre les mains des humains, qui vivent séparés du monde des dieux et démons, dans une totale ignorance de ce qu’ils ont en eux.
Le protagoniste de cette histoire, que nous incarnons, est accidentellement transporté dans le monde des dieux et démons après qu’un pont se soit effondré sur lui à la sortie du lycée. Au départ sans défense, il reçoit ensuite l’aide d’une entité mystérieuse qui fusionne avec lui. Cette fusion entre Savoir et Pouvoir forme un Nahobino, aux pouvoir dignes d’un dieu et pouvant prétendre au trône.
Dans ce contexte, on apprend alors que le trône du Créateur, tué par Lucifer en personne, est vacant. Commence alors une course au pouvoir pour les démons et les dieux, dont le centre semble être la ville de Tokyo. Une véritable guerre se déclenche, avec notamment les démons qui s’infiltrent dans le monde des humains, dans le but de trouver celui qui détient leur Savoir. En tant que Nahobino, nous sommes donc une cible de premier choix pour les autres prétendants au trône.
C’est un concept fascinant et une excellente idée, surtout que l’atmosphère est très bien gérée. Autant dans la réalisation des cinématiques, que dans les dialogues et le design audio, on ressent cette impression de fatalité. On assiste à la fin du monde en direct, tout en prenant part à une opération de la dernière chance avec des camarades de combat que l’on connaît à peine, sur un champ de bataille apocalyptique. On ressent son impuissance face à certains événements, mais aussi son immense supériorité face à certains ennemis. Ce n’est pas une idée qui plaira à tout le monde, mais personnellement, j’ai adoré.

Mais, il y a un mais. Ce n’est pas parce qu’une idée est bonne que tout est forcément bien exécuté. Les éléments de narration que j’ai mentionnés plus haut nous sont donnés à un rythme qui ne relève même plus du compte-goutte. C’est d’une lenteur qui a été parfois difficilement supportable. Un concept d’une telle complexité et au potentiel si intéressant aurait mérité bien plus que quelques cinématiques éparpillées sur plus de 70 heures de jeu. On passe si peu de temps avec certains personnages que certaines des décisions, pourtant nécessaires à l’avancement de la narration, paraissent au mieux clichées. J’ai également été très déçu par la manière de gérer le dénouement.
Sans spoiler le contenu de la fin en soi, le fait d’avoir simplement une explication des conséquences de mes actions avec une succession de textes sur fond musical m’a fait regretter d’avoir fait autant d’efforts pour y arriver. C’est franchement dommage au vu du potentiel de ce concept. J’ai été fasciné par moments, mais le résultat global est simplement frustrant.
NOTE HISTOIRE : 6/10
Gameplay : peut mieux faire
Shin Megami Tensei V a de grosses chaussures à remplir. Beaucoup de gens, moi y compris, ont attendu de voir quelles évolutions du gameplay combat Atlus allait bien pouvoir mettre en place après le succès du combat dans Persona 5 Royal. L’idée d’avoir une telle fluidité et autant de possibilités pour la fusion dans un jeu de la série principale m’enchantait particulièrement. Disons que j’ai été légèrement déçu.
Commençons par le combat. On est sur du SMT classique au tour par tour. Il faut exploiter la ou les faiblesses de l’ennemi pour pouvoir attaquer davantage. Particularité de SMT, connue pour être une série plus difficile, une attaque bloquée ou absorbée peut complètement annuler les tours d’attaque et nous laisser à la merci des ennemis. Je l’ai appris à mes dépens, ayant débuté sur la série Persona.
Je n’ai pas grand chose à redire des combats en soi. J’aime beaucoup cette formule qui pousse à élaborer des stratégies poussées basées sur les faiblesses et les différentes méthodes d’attaques des ennemis. J’ai apprécié devoir faire un petit peu plus attention à mes choix, car ce jeu ne pardonne pas. Je l’ai terminé en difficulté « Moyen », soit le maximum si on ne télécharge pas le DLC « Hardcore ». J’aurais simplement préféré une option d’accélération souvent présente dans les J-RPG pour les petits combats, afin de casser l’inévitable répétitivité du grind (combats répétitifs contre des ennemis pour augmenter de niveau, pour les débutants). D’ailleurs, je n’ai pas trouvé le grind abusif, contrairement au jeu Persona 5 de base ou à Persona 4. Il a été quasi inexistant sur les deux premiers tiers, et non-handicapant sur la fin. C’est un bon point.

Un autre élément central du gameplay combat des jeux SMT/Persona est la fusion. Pour ceux qui n’auraient pas lu mon guide du débutant de Persona 5 Royal, c’est un mécanisme qui consiste à fusionner deux démons pour en obtenir un de niveau supérieur. Plutôt simple en théorie, mais il y a de très nombreux éléments à prendre en compte pour avoir une équipe véritablement équilibrée. Tous les démons ne sont pas fusionnables entre eux, il faut avoir atteint un certain niveau, prendre en compte les faiblesses des démons de la zone en cours d’exploration pour faire des fusions pertinentes, entre autres.
Personnellement, je pense que certains des éléments de fusion de Persona 5 Royal auraient mérité d’être présents dans Shin Megami Tensei V, notamment la possibilité de se débarrasser d’un démon faible qui ne serait pas compatible avec les fusions, pour obtenir un objet ou augmenter les stats d’un autre démon. Certains démons ont pourri dans mon inventaire pendant des heures à cause de ça. Ensuite, je pense que les objets d’amélioration de stats auraient dû être utilisables depuis l’interface de fusion et non depuis l’inventaire, un menu complètement différent. J’ai très souvent oublié de les utiliser pour cette raison.
Enfin, parlons de l’exploration, ma plus grosse déception.

L’idée de ne pas passer d’une ville à l’autre via une carte sur laquelle nous ne serions qu’un pion (j’ai commencé le remaster de SMT 3 Nocturne récemment), mais plutôt d’avoir des grandes zones ouvertes à explorer est excellente sur le papier. Seulement, plusieurs éléments viennent gâcher l’expérience.
D’abord, les zones en elles-mêmes sont extrêmement répétitives. Les paysages changent très peu d’une région à l’autre. C’est très vite lassant. Ensuite, la maniabilité est desservie par le fait que la Switch est littéralement à bout de souffle 90% du temps. Ce n’est pas seulement dû au fait que la mienne soit en fin de vie. Le jeu peine à maintenir 30 images par secondes et ça se voit beaucoup. Enfin, il y a le fait que les zones sont extrêmement longues. Pour atteindre les cinématiques dévoilant l’histoire, les gros combats intéressants ou les donjons plus élaborés, il fallait parfois courir à droite et à gauche pendant 5 à 10 heures, le temps de battre tous les mini-boss pour révéler la carte, puis d’atteindre le niveau nécessaire. C’est pour ça que j’ai trouvé le jeu épuisant par moments, et que j’ai mis 6 mois à faire 70 heures.
GAMEPLAY : 6/10
Conclusion
LES PLUS | LES MOINS |
– Un concept fascinant – Une atmosphère « fataliste » qui fonctionne – Un combat stratégique et amusant – Accessible grâce aux niveaux de difficulté – Un protagoniste au design très réussi | – Une narration au rythme très frustrant – Une fin expédiée – La Switch à bout de souffle – Une fusion un peu faible – L’exploration, épuisante à terme – Gros manque de variété dans les paysages |
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