J’ai eu beaucoup de mal à trouver une formulation exacte de mes pensées sur ce film, alors je m’excuse à l’avance si cet article est plus abstrait que les autres. Je vais quand même tâcher d’être le plus clair possible. Réalisé par Todd Phillips et indépendant des autres films DC, Joker a pour intention de nous conter les origines d’un des méchants les plus emblématiques de l’histoire des comics sous un angle nouveau. Voici mon avis express sur ce film marquant.
Joker raconte l’histoire d’Arthur Fleck, un homme atteint de problèmes neurologiques lui provoquant des fous rires nerveux et incontrôlables. Il vit à Gotham City avec sa mère malade, et il s’efforce de gagner sa vie en faisant le clown pour diverses entreprises. Son handicap, lié à un isolement et à des difficultés d’élocution font de lui une cible facile pour tous les dégénérés de cette ville qui peine de plus en plus à contenir la colère de ses habitants. Se sentant rejeté de toutes parts, dans une ville qui semble tout faire pour nier son existence, Arthur Fleck peine à garder les idées claires. Il va rapidement plonger dans une folie meurtrière, qui sera l’étincelle plongeant la ville dans le chaos.
Joker est un film marquant, car bien que son objectif soit de délivrer une version originale des origines du Joker, c’est sa nature même qui surprend. Joker est une descente dans la folie, mais du point de vue du malade. C’est un commentaire frappant sur les problèmes de santé mentale, et un film extrêmement triste. Arthur Fleck est constamment mis à mal par la ville et par la vie. Il n’a pas un instant de répit. Il encaisse, encore et encore, alors que la vie continue comme s’il n’existait pas. La conséquence ? Un repli, toujours plus important. Arthur Fleck est une bombe à retardement extrêmement instable, et un rien suffira à le faire exploser.
Pour la partie « santé mentale », c’est un sans faute. Je ne veux pas spoiler mais sachez qu’on a véritablement l’impression d’être dans la tête d’un homme souffrant de problèmes neurologiques, alliés à de la dépression et de l’anxiété. Tout cela est porté par un Joaquin Phoenix extrêmement convainquant, autant en Arthur Fleck qu’en Joker. Pour la partie « Joker », le film a joué la sécurité et opté pour une histoire simple mais efficace, avec juste ce qu’il faut en termes de référence pour plaire aux fans de DC Comics.
Tous ces aspects font de Joker un très grand film, surtout venant d’un gros studio. J’ai eu quelques problèmes d’ordre personnel avec ce film, notamment sur le choix de certaines blagues. J’ai aussi eu la curieuse impression que le film jouait parfois trop la sécurité, notamment dans le choix des dialogues, comme s’il avait peur que le message ne passe pas. Comme dans beaucoup de films, certains dialogues ne servent qu’à nous expliquer à voix haute l’état d’esprit des personnages. De base, c’est embêtant lorsque le film n’a pas de substance. Dans le cas de Joker, c’est assez frustrant car le film et le thème sont tellement maîtrisés que l’on se prend à se demander ce que cela aurait pu donner si davantage de libertés avaient été prises.
VERDICT : ★★★★★
Joker est un film marquant, qui s’inscrit sans problème au Panthéon des films tirés de comics. C’est un regard perçant sur les problèmes de santé mentale, accentué par le point de vue du malade, qui offre une dimension terrifiante. Même s’il aurait gagné à prendre davantage de libertés sur les dialogues, ce film est une expérience fascinante que je recommande fortement.